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Séminaire sur la production et la diffusion de la recherche en éducation en Afrique francophone : Pour une meilleure diffusion des résultats de recherche

Le Séminaire international sur le thème « Produire et diffuser la recherche en éducation en Afrique francophone » s’est tenu ce 19 octobre sous le label de la dynamique partenariale @CONFEMEN @AUF @OIF/IFEF @FEI. Les mots d’ouverture ont été prononcés par le Directeur général de France Education International (FEI), M. Pierre-François MOURIER et le Secrétaire général de la CONFEMEN, Professeur Abdel Rahamane BABA-MOUSSA.

Après avoir salué le partenariat qui s’est développé autour de cette problématique, le Directeur général de FEI a noté que le développement de la recherche francophone en Afrique subsaharienne a besoin d’un état des lieux exhaustif et publié régulièrement sous forme de guide de référence qui présente la photographie des problématiques et des résultats de la recherche. Pour M. MOURIER, cette vision doit être portée par la conviction qu’il y a une synergie entre les milieux de la recherche et ceux de l’action politique. Pour atteindre les objectifs de promotion de la recherche dira le Directeur général, il est nécessaire de procéder par des étapes, à savoir d’une part, permettre aux différentes parties prenantes de s’exprimer sur leur expérience, leurs attentes et leur contribution et d’autre part, de mesurer l’ampleur de la tâche et les moyens à y consacrer ainsi que les conditions de faisabilité et la recherche de soutien politique pour la mise en œuvre.

Le rôle des décideurs politiques est ressorti dans les propos du Secrétaire général de la CONFEMEN qui a fait remarquer que les politiques publiques ont besoin de la recherche pour des prises de décisions en cohérence avec les résultats de la recherche. Dans cette perspective et dans le contexte de la diversité des acteurs, le Secrétaire général a souligné la nécessité d’avoir toujours un « référentiel commun » qui définit les valeurs, les normes et les principes d’action. Et pour mettre la recherche en éducation au service des politiques éducatives, le Professeur Abdel Rahamane BABA-MOUSSA a indiqué qu’il était important de réconcilier les chercheurs et les décideurs en éducation afin de mieux mettre la science au service des décisions politiques. C’est pourquoi il n’a pas manqué de féliciter France Education International pour cette initiative d’échanges sur la recherche en Afrique et de saluer la mobilisation des Institutions francophones autour de cette problématique. Il a situé le rôle de la CONFEMEN dans la mise en place de cette dynamique collective autour d’un certain nombre de projets comme le programme KIX Afrique 21 et l’initiative ImaginEcole qui permet de mettre en place une plateforme de ressources éducatives au service des enseignants et des élèves. De l’avis du Secrétaire général, cette plateforme pourrait marquer le point de départ d’un nouveau paradigme de l’apprentissage dans nos systèmes éducatifs.

L’état des lieux et le rôle de la recherche en éducation

Dans son exposé introductif, le Professeur Jean -Marie DE KETELE a présenté l’état des lieux et le rôle de la recherche et de la publication en éducation en Afrique subsaharienne francophone en s’appuyant sur les résultats des ateliers tenus le 16 septembre 2021 sur la même thématique. Dans sa présentation, le Professeur DE KETELE fait remarquer que les acteurs de la recherche sont très diversifiés en Afrique subsaharienne francophone. Ces acteurs qui se situent essentiellement dans les institutions académiques, dans la consultance et dans quelques institutions régionales ont peu d’interactions entre eux. Les constats font ressortir également que la seule base de données « African Education Research Data Base » recense essentiellement les publications en anglais avec « une quasi-absence des articles de recherche en français » selon DE KETELE qui a poursuivi en énumérant quelques besoins pour la visibilité et la valorisation des publications en éducation des chercheurs francophones dont le besoin de recensions exhaustives et régulièrement mises à jour aussi bien au niveau national que régional. A travers cet exposé introductif, on note également la nécessité d’améliorer la qualité scientifique des publications et d’accompagner les jeunes chercheurs en formation à la recherche et pour leur publication.

Le Professeur DE KETELE a terminé son exposé en citant quatre pistes d’action prioritaires : (i) dresser des cartographies coordonnées, complètes et régulières ; (ii) organiser une réflexion collective, systémique et coordonnée ; (iii) créer des institutions et dispositifs de veille et (iv) organiser une véritable politique et des dispositifs de soutien à la publication. Il a introduit le développement de ces quatre pistes d’action en citant le Secrétaire général de la CONFEMEN qui dit : « On s’accorde actuellement pour reconnaitre que les politiques publiques et les pratiques doivent s’appuyer sur les connaissances produites par la recherche scientifique ».

A la suite de l’exposé introductif, la section portant sur le thème « Les projets de soutien existants dans le domaine de la recherche en éducation en Afrique francophone » a été développée à travers cinq présentations. Il y a eu d’abord la présentation de M. Jean-Pierre CHEVALIER, Vice-président du conseil scientifique d‘APPRENDRE qui a porté sur l’appui à la production scientifique et à la structuration de la recherche. M. CHEVALIER a présenté les actions et les projets du Programme APPRENDRE dans le domaine de la recherche en éducation.  Il y a eu ensuite la communication de la Directrice de l’IFEF qui a parlé des recherches-actions menées à l’IFEF. Mme Mona LAROUSSI a mis l’accent sur la présentation des missions et des réalisations de deux programmes de l’IFEF à savoir IFADEM et ELAN et sur le programme KIX Afrique 21 que l’IFEF met en œuvre en partenariat avec la CONFEMEN et l’AUF.

                           La place et le rôle des deux programmes de la CONFEMEN

La présentation de la CONFEMEN qui a suivi a été assurée par le Coordonnateur du PASEC, M. Hilaire HOUNKPODOTE et par le Coordonnateur de l’Observatoire de la qualité de l’Education (OQE). Le Coordonnateur du PASEC a développé le thème : « L’évaluation des acquis d’apprentissage : produire des données et des analyses probantes pour la prise de décision et renforcer les capacités des acteurs pour aider au pilotage des systèmes éducatifs ». Il a axé son intervention sur la méthodologie et les résultats des évaluations du PASEC notamment la dernière évaluation internationale PASEC2019 qui a abouti à la publication d’un rapport international. Pour M. HOUNKPODOTE, les informations issues des évaluations permettent aux chercheurs d’avoir des données probantes pour conduire leurs actions de recherche comme par exemple, celles relatives aux facteurs associés à une meilleure ou mauvaise performance des élèves. Il a rappelé que de 2013 à 2019, sur l’ensemble des demandes de données du PASEC, la plupart provenait du monde universitaire (à plus de 70%), notamment des étudiants et des chercheurs (43%) et qu’une proportion faible provenait des administrations publiques (9%) et autres. Il a aussi signalé que les données recueillies sont souvent utilisées à des fins de rédaction d’articles (45%), de thèses (23%), de mémoires de masters (19%) et à d’autres fins.

Selon lui, ces données du PASEC sont également très utiles pour les décideurs politiques qui ont besoin d’accompagnement pour un meilleur pilotage des systèmes éducatifs.

Le Coordonnateur de l’OQE pour sa part a développé le thème : « Études prospectives, assurance qualité et aide à la décision pour un meilleur pilotage de la qualité de l’éducation » en axant son intervention sur la contribution de l’OQE dans la recherche en éducation. Il a présenté les missions et les réalisations de l’Observatoire qui a publié en 2018 son premier rapport périodique sur la qualité de l’Education. Il a également indiqué que les Documents de réflexion et d’orientation (DRO) des conférences ministérielles de la CONFEMEN sont désormais produits dans le cadre des activités de l’OQE et le dernier DRO publié porte sur le thème : « Favoriser le développement de la petite enfance et garantir l’accès à une éducation préscolaire équitable et de qualité : un socle pour la réussite des apprentissages ». Au nombre des contributions de l’OQE à la recherche en éducation figurent également la réalisation des études thématiques, des notes de politiques éducatives ainsi que des articles scientifiques.

Deux autres présentations ont suivi. Il s’agit d’abord de la présentation de l’Institut International de Planification de l’Éducation (IIPE) de l’UNESCO faite par Mme Muriel POISSON, spécialiste de programme. Cette présentation a porté sur : « Recherche et renforcement des capacités dans le domaine de la planification et gestion de l’éducation : faire le lien ». Il s’agit ensuite de la présentation du CAMES assurée par M. Jean-Claude BATIONO de l’École normale supérieure de Koudougou (Burkina Faso) sur le thème : « Évaluation et valorisation de la recherche en éducation ».

Vers un plaidoyer fort pour la valorisation des résultats de la recherche en éducation

A l’issue des présentations, les participants ont entamé les discussions dans deux ateliers qui ont abordé respectivement sur « Les pratiques de veille des chercheurs aujourd’hui. Quelles pistes pour améliorer leur efficience et leur impact sur la prise de décision et l’action ? » et sur « Comment faire un inventaire régulièrement actualisé des publications scientifiques africaines francophones en éducation ? ».

Les restitutions et les débats en plénière ont permis au Secrétaire général de la CONFEMEN de dégager quelques enseignements pour clôturer la rencontre. Tout en remerciant les communicateurs, le modérateur principal, M. Pierre-Jean Loiret, Vice-recteur de l’AUF et l’ensemble des participants, le Secrétaire général a tiré quelques conclusions parmi lesquelles on peut retenir la nécessité de coordonner les interventions des différentes parties pour plus d’efficacité, car pour lui « sans une articulation cohérente de nos actions on ne pourra pas atteindre nos objectifs ». En termes de perspectives, le Secrétaire général a appelé à penser davantage à la dimension « utilité et visibilité de la recherche » qui peut être développée à travers plusieurs actions dont la création de situations d’échanges qui permettent, dans le cadre des congrès de sociétés savantes par exemple, un regard croisé entre différents acteurs de la recherche et principalement entre chercheurs et décideurs politiques. C’est en cela que l’émergence de « passeurs » ou des « médiateurs » entre les chercheurs, les décideurs et les praticiens de l’éducation trouve toute sa justification, de l’avis du Secrétaire général de la CONFEMEN. A cela s’ajoute le projet de l’Académie des Sciences de la Francophonie qui sera mise en place au Maroc et qui pourrait être aussi un cadre de partage d’informations entre chercheurs et décideurs politiques. Le Secrétaire général a enfin évoqué l’épineuse question du financement de l’éducation et de la recherche en rappelant le séminaire sur le financement de l’éducation qui a été organisé par la CONFEMEN en 2017 et dont les conclusions sont toujours d’actualité.

Le Secrétaire général a terminé en se réjouissant des conclusions de la rencontre. L’objectif a été atteint selon lui parce que « nous pensons avoir rassemblé tous les ingrédients nécessaires pour bâtir un plaidoyer fort en direction des trois cibles identifiées à savoir les décideurs politiques, les chercheurs et les acteurs de l’éducation ».