7 février 2011
1. Vous avez récemment pris les fonctions de Secrétaire général de la Confemen. Quels sont vos grands objectifs pour 2011 ?
Je souhaite d’abord dire que c’est un grand honneur de pouvoir revenir à l’IIPE en tant que Secrétaire général de la Conférence des ministres de l’Éducation des pays ayant le français en partage (Confemen). C’est le SACMEQ qui nous a chaleureusement invités pour échanger avec le PASEC dont l’objectif est d’émettre des pistes de réflexion pour améliorer l’accès à une éducation de qualité pour tous dans les pays membres.
Pour répondre à votre question initiale, les objectifs que s’est fixée la Confemen pour les deux prochaines années sont au nombre de cinq. Ils concernent (1) la communication, afin de rendre plus visible les actions de la Confemen dans la presse, sur internet ou à travers des publications, (2) le suivi et le pilotage de la qualité de l’éducation en venant en soutien des États membres, (3) la gouvernance des systèmes éducatifs dans le cadre des processus de décentralisation, (4) la formation professionnelle pour qu’elle soit plus pertinentes dans les pays en voie de développement, et enfin (5) le renforcement des partenariats avec les structures et les partenaires de la Confemen.
2. Le PASEC est donc le programme d’analyse de la Confemen. Il a 20 ans cette année. En quoi un tel programme permet d’améliorer la qualité de l’éducation de base en Afrique ?
Le PASEC a été mis en place à la demande des ministres de l’Éducation en 1991 lors de la 43e session ministérielle de la Confemen. Après avoir mis l’accent sur l’accès à l’éducation, il s’agit de renforcer le volet qualité des systèmes éducatifs. Le PASEC est un outil prenant la forme d’un observatoire et qui conduit des études sur les acquis et les apprentissages au regard des programmes scolaires de chaque pays, notamment en lecture et en mathématiques. Plusieurs études ont été réalisées dans les États membres sur ces disciplines. Une fois les rapports réalisés, le PASEC dresse alors des recommandations pour influencer l’élaboration et la mise en œuvre de politiques éducatives. Ces recommandations ont souvent un très fort impact et les pays en sont demandeurs. Tous les deux ans, nous faisons une série d’évaluation sur 4 à 7 pays. L’objectif est de créer des instruments comme dans le cadre du SACMEQ, de faire une évaluation sur un groupe de pays et de comparer les résultats au niveau international afin que les ministres de l’Éducation puissent en tirer des orientations pour leur politique.
3. Vous participez actuellement à la seconde réunion internationale entre le PASEC et le SACMEQ. Qu’attendez-vous de cette réunion ?
C’est une réunion très importante qui se place sous le signe du partage d’expérience. Les deux systèmes n’utilisent pas les mêmes méthodes : le SACMEQ a beaucoup d’expertise en matière d’outils et de méthodologie et possède une autre expérience couvrant une région d’ampleur différente que le PASEC. Le SACMEQ a développé des outils très performants qui nous ont été présentés lors de cette réunion et qui peuvent être une source d’inspiration pour le PASEC. Par exemple, un logiciel qui permet de corriger les erreurs de saisie des données et qui permet donc de minimiser les biais dans les analyses.
Le SACMEQ nous a présenté également des instruments de mesure de la connaissance du VIH et du sida dans nos pays. Le PASEC va prendre l’initiative de proposer aux pays de la Confemen d’intégrer cette dimension dans ses études pour apporter une connaissance accrue sur le VIH et le sida car c’est un phénomène qui a un fort impact et qui contrarie fortement les progrès dans les systèmes éducatifs.
Il y a des aspects de complémentarité entre les études du SACMEQ et du PASEC. Les objectifs vont dans le même sens, notamment en ce qui concerne la volonté des deux systèmes d’apporter des éléments d’appréciation de la qualité.
4. Comment sont accueillis les résultats dans les pays ?
Nos études sont très bien accueillies. En effet, les analyses sont effectuées par une équipe nationale : ce sont leurs outils, les équipes sont formées à l’utilisation des outils de collecte et d’analyse des données. Le PASEC apporte son soutien technique dans le cadre de l’analyse des données. Les pays comprennent bien les facteurs qui expliquent la contre-performance ou la performance de tel ou tel aspect des évaluations.
5. Vous êtes un ancien stagiaire de l’IIPE (promotion 2001 de l’ATP), pouvez-vous nous décrire votre parcours depuis votre passage à l’IIPE. En quoi cette formation vous a-t-elle servi dans votre carrière professionnelle ?
Je suis très fier de la formation reçue à l’IIPE : c’est un espace de diversité culturelle qui permet de créer un réseau de planificateur au niveau international. Aujourd’hui j’ai beaucoup de contact avec mes collègues, nous échangeons beaucoup au niveau professionnel, mais aussi amical. J’ai beaucoup de contact avec les anciens de l’IIPE, ils nous sollicitent pour travailler dans nos pays sur des thématiques qui sont intéressantes et pertinentes.
Concernant mon parcours, un mois après mon retour au Burkina en 2001, j’ai été promu à un poste de responsabilité : j’ai dirigé l’équipe chargée de la mise en place d’un plan décennal. C’était la première fois que le pays déterminait un tel plan. L’enjeu était donc important.
A tous les niveaux de ce plan, la formation de l’IIPE a été applicable : l’élaboration du plan, la détermination des indicateurs, l’élaboration d’un tableau de bord, les discussions avec les partenaires, l’analyse de la situation… J’ai utilisé également les connaissances acquises à l’IIPE pour renforcer les capacités de mon équipe, en les formant à mon tour aux techniques que j’avais apprises.
Plus tard, j’ai été conseillé technique auprès du ministre et j’ai dirigé pendant 4 ans une structure qui finance la société civile : le Fonds de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle. En 2007, j’ai été nommé directeur des études de la planification pour le secondaire et le supérieur du Burkina Faso. Tout au long de ces dix dernières années, l’IIPE m’a beaucoup aidé.
6. Vous êtes à l’origine de l’association des anciens de l’IIPE au Burkina Faso, que pouvez-vous nous en dire ?
Cette association se nomme « Association des planificateurs de l’éducation du Burkina Faso », c’est une association officielle et nous organisons des réunions régulières. J’invite les autres pays à faire de même, c’est très prometteur en termes d’échanges professionnels. Nous avons établi un programme d’activités pour aider les planificateurs du pays en termes de ressources et nous avons des contacts réguliers et enrichissants avec les experts de l’IIPE.
Monsieur Jacques Ki, je vous remercie pour cet entretien.
Source : site web de l’IIEP [http://www.iiep.unesco.org ]
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