Clôture de la 53e session ministérielle de la CONFEMEN
7 juin 2008
Appel de Caraquet
20 juin 2008

Mémorandum sur l’enseignement Secondaire et Perspectives

53e SESSION MINISTÉRIELLE DE LA CONFÉRENCE DES MINISTRES DE L’ÉDUCATION DES PAYS AYANT LE FRANÇAIS EN PARTAGE Caraquet, Canada/Nouveau-Brunswick, 6-7 juin 2008

Convaincus de la position stratégique de l’enseignement secondaire dans le développement durable et le développement du capital humain de chaque pays ;

Conscients de la mission centrale de l’enseignement secondaire pour permettre à chaque jeune d’acquérir les compétences de base, pour son épanouissement personnel, pour la poursuite d’études supérieures, pour son insertion sociale et professionnelle ;

Constatant que, suite aux efforts déployés par les pays du Sud pour atteindre les objectifs de l’EPT, les flux d’élèves arrivant du primaire ne peuvent être accueillis dans l’enseignement secondaire, cette situation créant de fait un goulot d’étranglement ;

Constatant les lacunes en matière de formation des enseignants, de pertinence des curricula, de dispositifs d’évaluation et de matériel didactique ;

Constatant les difficultés dans la mobilisation des ressources nécessaires au développement de l`enseignement secondaire ;

les ministres et chefs de délégation réunis à l’occasion de la 53e session ministérielle de la CONFEMEN conviennent des orientations à privilégier pour assurer l’accès et la qualité de l’enseignement secondaire ainsi que la mobilisation des ressources qu’il requiert. Les ministres s’accordent à privilégier une approche holistique de l’Éducation.

En ce qui a trait à l’accès et à l’équité :

Les problèmes d’accès reliés au manque d’infrastructures, au déficit chronique d’enseignants qualifiés et aux lacunes concernant la diversification des filières risquent de s’accentuer. Il conviendrait dès lors de :

• Mieux harmoniser les politiques d’éducation et de développement et se doter d’une stratégie sectorielle ;

? Développer l’offre éducative (infrastructures, personnel enseignant qualifié, carte scolaire) en réponse à la croissance de la demande d’enseignement secondaire ;

? Diversifier les modes de formation pour favoriser l’accès, la rétention et la réussite de tous les élèves ;

? Développer les formations professionnelles en relation avec le marché de l`emploi ;

? Soutenir l’accès des filles à l’enseignement secondaire, notamment par des mesures de soutien aux familles, des activités d’alphabétisation, le recrutement d’enseignantes et la mise sur pied de collèges de proximité ;

? Promouvoir l’accès des filles aux filières de formation traditionnellement masculines ;

? Encourager la mise en place de mesures sociales visant à favoriser l’accès des élèves issus de milieux défavorisés.

? Faciliter la réinsertion scolaire des jeunes décrocheurs par la mise sur pied de centres de formation à des métiers ;

? Développer des stratégies pour recruter des enseignants des différentes groupes ethniques et attirer des enseignants qualifiés en milieux éloignés ;

? Développer une politique de scolarisation des nomades ;

? Ajuster le calendrier scolaire pour tenir compte de la réalité des communautés ;

? Mettre en place des mesures pour faciliter l’accès et la réussite des élèves handicapés et de ceux éprouvant des difficultés d’apprentissage.

En ce qui a trait à la qualité et à la pertinence de l’enseignement et de l’apprentissage :

Quatre priorités devraient être mises au centre des politiques d’éducation pour rendre l’enseignement secondaire plus pertinent et de meilleure qualité :

La professionnalisation des enseignants

? Renforcer les capacités des formateurs dans les instituts de formation initiale et mettre en œuvre une réforme de la formation initiale des enseignants qui s’appuie sur les approches retenues dans les curricula et sur une meilleure articulation entre la théorie et la pratique ;

? Assurer un suivi sur le terrain des jeunes enseignants par les chefs d’établissement, par les conseillers pédagogiques, par l’inspection ;

? Renforcer la formation continue pour répondre aux besoins concrets des enseignants, notamment pour les nouveaux agents contractuels, mais également pour les chefs d’établissement.

Les curricula

? Concevoir des curricula reposant sur une approche par compétences en fonction des réalités locales, régionales et répondant aux attentes et besoins de la société, tout en prenant en compte les capacités réelles des élèves. Des « socles de compétences » doivent pouvoir être élaborés sur la base des finalités assignées à l’enseignement ;

? Diversifier les curricula permettant des choix d’orientation en vue de favoriser la poursuite du cursus scolaire (notamment après le 1er cycle du secondaire) et l’entrée dans la vie active ;

? Mettre à disposition des manuels, des matériels didactiques et des équipements adaptés aux objectifs et aux référentiels ;

? Procéder à la mise en œuvre des curricula après une phase expérimentale pour bien s’assurer de la qualité et de la pertinence des outils avant de les généraliser ;

? Mettre en place un dispositif externe de veille de la mise en œuvre des curricula ;

? Réduire les distorsions entre les curricula officiels et les curricula réellement mis en œuvre.

L’évaluation au service du pilotage

? Mettre en place un dispositif national d’évaluation et de pilotage qui soit visible, connu et bien doté en moyens opérationnels. Assurer la communication des résultats auprès des écoles afin qu’elles puissent élaborer des pistes de remédiation ;

? Développer des instruments statistiques aux niveaux local, régional, national pour objectiver les résultats de chaque établissement. Rendre fiable les données collectées et en assurer la communication.

L’environnement scolaire favorable aux apprentissages

? Concevoir des normes pour la construction des bâtiments scolaires applicables aux différentes autorités éducatives, publiques ou privées. Contrôler leur mise en œuvre sur le terrain ;

? Prendre en compte les besoins des élèves pour les motiver et les attirer dans les écoles (prise en compte des besoins des filles, qualité de l’environnement rendu agréable, place pour les loisirs, la sécurité, la santé, la nutrition…). Développer des écoles qui soient favorables aux initiatives pédagogiques ;

? Équiper les établissements d’enseignement secondaire en centres de ressources documentaires, en matériels didactiques et pédagogiques adaptés ;

? Construire des infrastructures adaptées aux besoins des jeunes filles.

En ce qui a trait à la mobilisation et à la gestion des ressources :

Deux problèmes majeurs sont à mentionner : l’insuffisance chronique des ressources mobilisées et une mauvaise utilisation de celles disponibles. Pour pallier ces insuffisances, il conviendrait de :

? Augmenter le budget de l’État consacré à l’éducation et investir davantage dans l’enseignement secondaire ;

? Diversifier des sources de financement en faveur de l’Enseignement Secondaire, à travers la mobilisation des ressources auprès des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) ;

? Renforcer le partenariat avec le secteur privé, les collectivités locales, ainsi que les communautés de base ;

? Répartir plus rationnellement les ressources disponibles aux différents niveaux du système éducatif (éducation de base, enseignement secondaire, formation professionnelle et enseignement supérieur) ;

? Optimiser l’utilisation des ressources humaines et matérielles existantes ;

? Impliquer davantage les communautés et les comités de gestion scolaire ;

? Partager les expériences porteuses et renforcer la coopération Sud-Sud.