Pr. Abdel Rahamane BABA-MOUSSA
En ce 1er mai 2020 qui restera mémorable dans l’histoire au regard du contexte sanitaire mondial actuel, je voudrais avoir une pensée pour tous les travailleurs du monde et surtout pour ceux qui œuvrent au quotidien pour maintenir actifs les différents secteurs vitaux nécessaires à la survie dans un contexte où « confinement » et « distanciation sociale » sont les nouveaux concepts qui président aux destinées du monde : personnels de la Santé, de l’éducation, des transports et logistique, de l’alimentation, de l’entretien du cadre de vie, de la protection sociale et de la sécurité publique, etc. Je ne peux oublier la grande masse des travailleurs du secteur informel (artisans, petits commerçants et pourvoyeurs de différents services aux personnes qui doivent leur subsistance quotidienne, dans de nombreuses villes populaires du monde en développement et particulièrement en Afrique, aux risques pris quotidiennement dans une activité « au jour le jour », exposés en permanence à la contingence d’un contact avec un coronavirus aussi insaisissable qu’invisible. A tous ceux-là, je voudrais souhaiter du courage et les exhorter au respect scrupuleux des mesures de prévention prescrites par les autorités de leurs pays respectifs dans le respect de la diversité des choix édictés, selon les réalités nationales.
Le premier mai 2020 marquera sans aucun doute un changement de paradigme dans le monde du travail par une redéfinition des valeurs qui sous-tendent le travail en-lui même, tout autant que les formes qu’il prendra, les lieux où il se déroulera et les rapports de toute nature qu’entretiennent les travailleurs entre eux d’une part et avec les usagers d’autre part.
Le premier mai 2020 marquera le point de départ vers une réelle mutation du monde du travail, et plus globalement de la vie des peuples, qui seront désormais caractérisés, dans bien des contextes, par une présence plus accrue des technologies et de l’innovation et l’instauration d’une culture du numérique. Cependant, si l’adaptation technologique est incontournable elle ne peut s’affranchir de la nécessité de tenir compte des valeurs d’humanité et de solidarité nécessaires au vivre ensemble, avec les autres, dans toute la diversité de l’espèce humaine, dans une dynamique inclusive : nul ne devra être laissé en marge du bien-être en collectif !
Si le monde va inexorablement changer, l’éducation doit aussi opérer les changements, voire les mutations qui s’imposent pour soutenir et participer de cette transformation du monde. Aussi, je ne puis m’empêcher, en tant que Secrétaire général de la Conférence des ministres de l’éducation de la Francophonie (CONFEMEN) et en tant qu’enseignant chercheur, d’avoir particulièrement une pensée pour les travailleurs du monde de l’éducation et en particuliers ceux de la Francophonie.
Les deux réunions extraordinaires que les ministres membres du Bureau de notre institution, la CONFEMEN ont tenues récemment pour réfléchir à la continuité éducative face à la pandémie du Covid-19 – avec la participation des partenaires comme l’OIF et l’UNESCO – nous ont permis de prendre la mesure des insuffisances de nos systèmes éducatifs, tous contextes confondus, et de la nécessité d’opérer véritablement le changement de paradigme auquel nous appel l’ODD4 pour une éducation effectivement inclusive et de qualité pour tous, partout et tout au long de la vie. Si l’école reste incontournable comme cadre d’apprentissage et d’éducation, elle doit inévitablement s’ouvrir et l’éducation ne peut rester « prisonnière de la forme scolaire ». L’éducation et le travail éducatif doivent changer de paradigme ! Reconnaitre la diversité des « contextes d’action éducative », des acteurs, des connaissances et de leur utilité, des méthodes d’accès aux savoirs et des processus de construction des compétences, etc. La reconnaissance de l’importance de la modernisation du système éducatif par l’utilisation des technologies et de l’innovation en éducation ainsi que par le développement des sciences, technologies, ingénierie et mathématiques doit se doubler de l’équilibre nécessaire à rechercher avec les sciences humaines et sociales et avec les humanités. N’oublions pas : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ! » Cette citation trouve tout son sens dans le contexte actuel.
C’est à cette nécessité d’interroger notre action, notre travail de tous les jours, que je voudrais nous appeler, nous les travailleurs du monde de l’éducation, dans la grande diversité de nos professions et de nos métiers, dans la grande diversité de nos statuts et de nos cadres d’exercice, aussi bien dans le domaine de l’éducation formelle que dans celui de l’éducation non formelle.
Mobilisons nos efforts dans l’immédiat pour une continuité éducative face à la crise sanitaire mondiale et anticipons les changements à venir, car rien ne sera plus comme avant ! Anticipons les changements pour nous assurer de travailler dans les conditions requises en accord avec les changements de notre monde.
Je finirai en adressant mes meilleures pensées à tous les ministres de l’éducation membres de la CONFEMEN qui sont les leaders qui porteront les changements attendus, ainsi qu’à tous mes collaborateurs du Secrétariat technique permanent de la CONFEMEN, acteurs au quotidien de l’organisation du dialogue politique, du partage des bonnes pratiques et de l’appui aux systèmes éducatifs de la francophonie et qui, face aux contraintes de la crise sanitaire mondiale, sont déjà engagés dans un processus de changement de culture professionnelle qui présage bien le changement de paradigme pour les travailleurs du monde de l’éducation.
Agir plus, Agir ensemble, Agir pour tous !
Bonne fête du travail, bonne journée internationale des travailleurs à tous !
Bonne fête du travail à tout le personnel de la CONFEMEN
Professeur Abdel Rahamane BABA-MOUSSA
Secrétaire général de la CONFEMEN